En rachetant Twitter, Musk a mis la main sur les données personnelles et l’audience de 500M d’utilisateurs. Il ne cache pas ses intentions d’utiliser X/Twitter pour laver le cerveau de ses utilisateurs. Tous les coups sont permis et à partir du 20 Janvier, il n’y aura plus de loi.
Musk s’est mis au centre d’une arène d’influence mondiale
Musk ne cache pas ses intentions d’utiliser X pour laver le cerveau de ses utilisateurs, comme par exemple dans ce tweets d’une brutale misogynie.
Dès son arrivée, Elon Musk a demandé aux ingénieurs de Twitter, devenu X, de changer l’algorithme de recommandation de manière à ce que ses messages et ceux des partisans de Donald Trump soient mis spécifiquement en avant auprès des utilisateurs.
Elon Musk s’est par ailleurs mis au centre du jeu en adaptant le design de X de telle sorte que son profil soit recommandé en priorité aux nouveaux utilisateurs, passant ainsi de 80M d’abonnés en 2022 à plus de 200M aujourd’hui.
Un chiffre ne trompe pas : du haut de ses 200 millions d’abonnés, les messages politiques pro-Trump de Musk ont amassé plus de 17 milliards de vues lors de son soutien à la campagne 2024 de Donald Trump – soit plus de deux fois le nombre de vues de l’ensemble des publicités politiques sur X sur la même période !
Musk censure les comptes et contenus qui lui déplaisent
Sur X, la survie de toute dissidence est soumise au bon vouloir d’Elon Musk. Dès son arrivée, plusieurs comptes d’influenceurs, de journalistes ou d’opposants politiques ont été fermés sans préavis pour crime de lèse-majesté vis-à-vis de Musk. Certains avaient plus de 2,3M d’abonnés.
Personne ne peut s’y opposer car cela fait partie des conditions d’utilisations de X. Celles-ci spécifient que X dispose d’une licence non exclusive pour utiliser vos contenus comme il l’entend. X s’autorise par ailleurs à fermer votre compte à tout moment sans raison et vous n’avez rien à redire.
Un contentieux juridique est d’ailleurs en cours dans lequel X refuse de rendre son compte à une entreprise dont il réprouve l’orientation idéologique en argumentant que « les comptes X sont la propriété exclusive de X Corp » et que vous n’avez qu’une « licence d’utilisation non exclusive pour l’usage du logiciel fourni ». On ne peut faire plus clair.
Musk désinforme et promeut des théories du complot
Musk grâce à X a été l’épicentre de la désinformation pendant les élections présidentielles américaines de 2024 : il a diffusé de fausses vidéos de Kamala Harris sans en préciser la nature, promu de fausses informations sur les processus électoraux ou les migrants, organisé des loteries truquées à un million de dollars qui s’apparentent à de l’achat de votes, relayé des campagnes frauduleuses organisées par les équipes de Trump…
Détaillons l’une de ces initiatives qui s’apparente à de l’usurpation d’identité : Progress 2028, un faux site de campagne de Kamala Harris, financé par Musk, en caricaturait le programme de manière à ce que la candidate devienne un repoussoir pour une partie de son électorat. Par exemple, ce site faisait croire qu’elle encourageait la transition sexuelle chez les mineurs LGBTQIA en veillant « à ce que chaque jeune [LGBTQIA] ait accès aux soins dont il a besoin, sans craindre la discrimination ou l’intervention des parents ». Ce site a été promu non seulement sur X, mais aussi via des campagnes de SMS massives, dont on ne peut exclure qu’elles aient utilisé les données de X pour un ciblage plus efficace.
Musk et X ont donné pendant la campagne américaine des exemples de déchéance morale et de sophistication dans la désinformation sans précédent. Il faut s’attendre, si rien ne change, à ce que les démocraties européennes ne résistent pas à ce type d’environnement.
Cette attitude de Musk n’est cependant pas surprenante. Il a à maintes reprise par le passé diffusé de la désinformation et des théories conspirationnistes, comme lors de l’agression au marteau du mari de présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi. Alors que l’agresseur visait Nancy Pelosi elle-même, Musk avait implicitement validé la thèse conspirationniste selon laquelle l’agresseur aurait pu être l’amant du mari.
Musk interfère avec la politique européenne
Elon Musk a déjà prouvé sa volonté d’ ingérence dans la politique européenne, en soutenant l’AfD en Allemagne, par sa proximité avec Giorgia Meloni ou son intervention sur la guerre civile lors des émeutes de l’été 2024 au Royaume-Uni. Maintenant que le sort des Etats-Unis est réglé, tout laisse pensé que l’Europe sera l’une de ses prochaines cibles.
X est ainsi devenu une machine à promouvoir Elon Musk, sa fortune et son idéologie (classée d’extrême-droite libertarienne). Mais c’est un colosse au pieds d’argiles, si les utilisateurs désertent, son pouvoir sera nul.
Musk utilise des méthodes mafieuses pour contraindres les utilisateurs à rester sur X
Nombreux sont les utilisateurs à vouloir quitter X pour toutes les raisons évoquées plus haut. Pour les en empêcher, Musk n’hésite pas à bannir de X tout ce qui pourrait aider ses utilisateurs à prendre conscience du problème ou à s’informer sur les avantages des autres réseaux sociaux.
Par exemple, lors de la première vague de migration vers Mastodon, X avait suspendu le compte Mastodon, déclaré tous les tweets contenant le mots "Mastodon" comme contenu sensible, et menacé de fermer tout compte qui mettrait un lien vers Mastodon dans son profil.
Elon Musk est même allé jusqu’à menacer un grand média qui avait annoncé quitter X (@NPR de redonner son compte à quelqu’un d’autre s’il ne recommençait pas produire du contenu sur X. Comment dire plus clairement que Musk considère les utilisateurs de X comme des bénévoles à son service ?
Ceci est contraire à toute morale puisque le fait de produire des tweets n’est en rien une obligation dans les condition d’utilisation de X. C’est donc un chantage à la réputation qui ressemble fort à des méthodes mafieuses. Mais rester sur X, c’est accepter ce genre de méthode puisque comme cela est écrit dans les conditions d’utilisation, X fait ce qu’il veut de votre compte et de vos données, ils ne vous appartiennent pas. Dès lors, quel intérêt de rester locataire précaire sur X alors que vous pouvez devenir propriétaire ailleurs ?